Omniprésents sur l’ensemble des médias et pourtant largement incompris, les NFT sont les sujets de fascination et (surtout) de spéculation irrationnelle de ce cycle. En raison du battage excessif associé à ce mouvement “looks rare”, certains observateurs sont allés jusqu’à comparer, et à juste titre d’ailleurs, les NFTs aux ICOs de 2017 et 2018. Cette exubérance pour les actifs rares et la facilité à “minter” (émettre) les NFTs ont conduit à une situation où tout le monde semble émettre et vendre tout ce qui peut s’apparenter de près ou de loin à une pièce de collection.
Mais contrairement aux ICOs, avec les NFTs, ce que vous voyez, c’est ce que vous avez. Personne n’achète ces jetons en espérant autre chose que de recevoir un actif numérique unique associé à une œuvre d’art. Quand les ICOs étaient accompagnées de feuilles de route et de promesses sur l’avenir du projet, les NFTs sont simplement des hashs cryptographiques écrits sur la blockchain. En gros, il s’agit de cartes de baseball à collectionner pour les nerds.
Il convient également de mentionner que tous les NFTs ne sont pas créés égaux : si les jetons ERC-721 sur Ethereum sont les plus connus et les plus commercialisés, il existe également des jetons de la sidechain Liquid qui sont échangés sur Raretoshi par exemple. Toutefois, les jetons vraiment spéciaux sont émis sur la blockchain Bitcoin via Counterparty. Ils bénéficient du réseau le plus sécurisé de tous, ils sont stockés sur pratiquement tous les nœuds souverains et reçoivent des noms uniques qui agissent un peu comme comme des domaines Internet ne pouvant être reproduits. Si on considère que le jeton représente l’oeuvre, alors ce sera le plus résistant et celui avec la preuve la plus infalsifiable de son unicité qui aura le plus de chances de résister à l’épreuve du temps.
Et oui, il y a bien aussi l’oeuvre qui y est associé. Présenté sous la forme d’un jpeg, d’un gif, d’un lien YouTube ou même d’un fichier audio, il s’agit en gros de la représentation visuelle mutable et modifiable du jeton. Mais le fichier “artistique” lui-même n’est pas stocké sur la blockchain: la plupart de ces fichiers n’existent que sur Imgur, IPFS ou autre sites Web centralisés et spécialisés dans le téléchargement et le partage d’images. Ça implique qu’il ne faut pas considérer le jpeg autrement que comme un bel emballage offrant des détails visuels sur ce qui se cache derrière le jeton.
Bien que certains utilisateurs intentent des procès et s’offusquent quand la même image est utilisée pour émettre un autre NFT, ils ne doivent pas oublier qu’ils ont en fait payé pour un jeton unique qui ne peut pas être reproduit. Il est “non fongible” (vous ne pouvez pas le remplacer par un autre, car il n’existe pas de hachage identique) et c’est essentiellement ce que Hal Finney a décrit en 1993 en suggérant comment les cypherpunks peuvent avoir “des heures de fun” avec ça.
Comme on a établi précédemment, les images ne sont que des représentations visuelles qui vous aident à comprendre ce dont il est question derrière le jeton. Cependant, c’est cet oeuvre totalement fongible et reproductible qui attire initialement votre attention et vous donne envie de soutenir le travail d’un certain artiste. Certains de ces fichiers (le plus souvent des jpegs et des gifs) ont le mérite d’être artistiques, d’autres ont un côté amateur, mais la plupart d’entre eux ont en fait l’air baclés, peu inspirés, et n’existent probablement que pour gagner un peu d’argent en profitant de l’effet de mode.
C’est pourquoi j’ai tendance à être pessimiste concernant les NFTs sur Ethereum et Solana, mais au contraire optimiste en ce qui concerne les créations Bitcoin sur Counterparty : les oeuvres ne sont pas seulement meilleures, mais aussi suffisamment intemporelles pour pouvoir résister à l’épreuve du temps et faire un retour en force même après l’explosion inévitable de la bulle actuelle. Les bitcoiners construisent des protocoles et des couches qui durent et trouvent une utilité souvent des années après qu’ils aient été déclarés morts et abandonnés. Du côté d’Ethereum, il s’agit par opposition de constamment trouver de nouvelles sources de hype et d’enterrer de manière opportune chacun des échecs passés. En 2021, la couche Omni a été ravivée par le projet Synonym de John Calvalho, tandis que Counterparty a de nouveau été mis en avant en s’appuyant sur sa riche histoire artistique. Aucunes chances de lire des news similaires concernant Raiden ou Plasma.
D’où viennent les NFT ?
Il s’agit de bien plus que ces jpegs qui focalisent l’attention. Comme tout ce qu’Ethereum a touché et transformé en fosse aux lions sans âme, financée par des VC et non scalable, les NFTs ont d’abord été popularisés par le protocole Counterparty de Bitcoin entre 2014 et 2016.
Il faut savoir que c’est Namecoin (anciennement connu sous le nom de BitDNS, un hard fork de Bitcoin que Satoshi Nakamoto lui-même a adoubé) qui a été crédité pour l’émission des premiers NFTs de l’histoire : Quantum, Blockheads, Comicons et Cryptoeggs étaient essentiellement des projets d’avatars visant à fournir à chaque nouvel utilisateur une identité numérique unique. Ils n’étaient pas destinés à devenir des objets de collection, mais les gens ont commencé à se les échanger et ils ont pris de la valeur sur le marché. Plusieurs années plus tard, Ethereum a copié cette approche avec ses CryptoPunks et d’autres avatars similaires générés numériquement que vous pouvez apercevoir aujourd’hui sur certains avatars Twitter.
Mais après le lancement du protocole Counterparty en janvier 2014, les bitcoiners ont commencé à créer leur propre forme d’art tokenisé. À partir de ce moment-là, on peut identifier deux écoles de pensée importantes: d’un côté celui de l’innovation en matière d’actifs de jeux vidéo (les cartes “Spells of Genesis” de Shaban Shaame et “SaruTobi Island” de Christian Moss étant deux des meilleurs exemples) et de l’autre celui des mèmes (Rare Pepes, Fake Rares, Leftist Tears, Bitcoin Heads).
Bien sûr, tous ces NFTs ne sont pas apparus en 2014. Le directory Rare Pepe a été créé en septembre 2016, les cartes Spells of Genesis sont apparues pour la première fois en septembre 2015, tandis que les Fake Rares et les Bitcoin Heads ont été émis durant la seconde moitié de 2021.
Pourtant, l’élément qui les fait se démarquer c’est qu’ils sont générés par les utilisateurs au moyen de logiciels de conception graphique ou même de dessins à la main. Les bitcoiners adorent les preuves de travail – donc, contrairement à leurs homologues sur Namecoin ou Ethereum, ils n’émettent pas d’œuvres d’art générées automatiquement par un ordinateur. Vous pouvez retrouver cette charmante patte humaine dans toutes ces NFTs Bitcoin.
Pour en savoir plus sur l’histoire des NFTs, vous pouvez lire l’excellent article de WhiteRabbit1111 intitulé “The origin assets of the digital antiquities market (NFTs)”. Il s’agit d’une plongée en profondeur dans toutes sortes de projets, dont certains sont moins connus mais méritent des éloges pour avoir été les pionniers de ce qui se transformera plus tard en une industrie pesant plusieurs milliers de BTC.
C’est quoi Counterparty ?
Counterparty est un protocole Bitcoin rarement mentionné dans les livres d’histoire. Même “Mastering Bitcoin”, sans doute la publication la plus complète et la plus exhaustive sur le sujet, ne décrit Counterparty que rapidement dans un seul paragraphe avant de passer aux altcoins (qui bénéficient eux d’une plus grande couverture).
On pourrait penser que Counterparty n’est qu’une relique d’un passé longtemps oublié; une ville fantôme qui nous rappelle les premières intentions et aspirations des bitcoiners. Il s’agit pourtant en fait simplement d’un protocole qui permet toujours aujourd’hui à quiconque d’émettre des jetons sans autorisation et de mettre en place des contrats qui verseront des dividendes aux détenteurs de ces jetons. Counterparty est un prototype authentique de ce qui allait par la suite devenir le projet Ethereum, à ceci près qu’il a été lancé de manière équitable, qu’il ne dispose pas de sa propre blockchain et que toutes ses transactions (depuis l’émission jusqu’aux transferts) sont réglées sur la blockchain Bitcoin et que les frais de transaction sont versés aux mineurs Bitcoin.
En 2014, les bitcoiners rêvaient de tokeniser les actions et les matières premières sur leur réseau de prédilection. Échanger des actions Apple, des contrats à terme sur les fèves de cacao et des lingots d’or sur Bitcoin? Bien sûr, pourquoi pas! Créer des entreprises décentralisées dont les actifs existent nativement sur le réseau Bitcoin? C’est également possible avec Counterparty. Des jetons destiné aux collectes de fonds et qui versent des dividendes à leurs propriétaires? Oui, monsieur !
Mais ça c’était avant le débat sur la mise à l’échelle et avant de décider que les blocs devaient rester petits pour préserver la décentralisation et la résistance à la censure. La plupart des personnes à l’origine du projet sont ensuite passées sur le tout nouveau et tout brillant Ethereum, qui pouvait techniquement faire plus et théoriquement mieux s’adapter à ces cas d’utilisation.
En effet, pendant un certain temps, les transactions de Counterparty ont été injustement considérées comme du “spam” qui allait à l’encontre des intérêts du projet Bitcoin. On pourrait certes arguer que le transfert d’argent d’une personne lambda peut potentiellement être confirmé moins rapidement en raison d’échanges intensifs de jetons Counterparty, puisque le premier paie des frais moins élevés que le second. De plus, les transactions OP_RETURN que Counterparty utilise pour insérer des données arbitraires dans les blocs Bitcoin prennent plus d’espace de bloc qu’une transaction ordinaire.
Mais là encore, ça signifie que les frais payés sont plus élevés. Et il est clair que si l’on souhaite que les incitations du projet Bitcoin soient durables, on doit créer un marché des frais compétitif. Il y a aussi un autre petit détail et c’est ceui qui affirme que le réseau Bitcoin est sans permission et permet aux utilisateurs d’être souverains (c’est-à-dire d’utiliser leur propre argent comme ils le souhaitent). Sous cet angle, comment un utilisateur de Counterparty peut-il être considéré comme un spammer s’il paie sa juste rémunération aux mineurs ?
Counterparty a clairement été du “mauvais” côté de l’histoire de Bitcoin et beaucoup ont choisi de ne pas en parler du tout. Il possède un jeton natif (XCP) qui est utilisé pour donner un nom arbitraire aux actifs : si vous payez 0,5 XCP, vous pouvez appeler votre nouveau NFT “BTCTKVRMAG” au lieu de laisser le protocole le nommer automatiquement “A11113761191968729490” (où “A” signifie “actif”). Vous pouvez également vendre vos nouveaux jetons et donner des dividendes aux détenteurs en utilisant le jeton XCP.
Mais il y a un hic : Counterparty a été créé par des bitcoiners qui ont assisté à l’ICO de Mastercoin (qui est devenue plus tard la couche Omni) et ils l’ont détesté. Les créateurs du protocole ne voulaient pas faire une collecte de fonds et offrir aux investisseurs des jetons en échange. Ce n’est pas assez “esprit Bitcoin”.
Ils ont donc demandé aux participants de “brûler” leurs BTC et de recevoir des XCP en échange. Cela signifie qu’en janvier 2014, près de 2131 bitcoins ont été envoyés de manière irréversible à l’adresse 1CounterpartyXXXXXXXXXXXXXUWLpVr. Ils ont donc volontairement créé une adresse difficile à générer et à laquelle personne n’a accès. Ainsi, pour créer la totalité des 2 648 755 jetons XCP, de vrais BTC ont pour l’occasion été brûlés.
Selon l’article “Why Proof-of-Burn” du 23 mars 2014, les bitcoiners qui ont créé Counterparty ne voulaient pas que les développeurs jouissent d’un avantage injuste et ils ne voulaient pas non plus que les gros investisseurs aient un quelconque contrôle sur le réseau. Tout le monde avait une chance égale de brûler des BTC et de recevoir des XCP en échange. De plus, personne n’avait un avantage à être le premier arrivé, il n’y a donc pas d’entité centralisée pour coordonner un système de pump and dump. Chacun à autant d’intérêt à la réussite du projet et doit faire face aux mêmes risques.
Pourtant, ça ne signifie pas que la valeur du jeton XCP est liée au prix du BTC, ou que la capitalisation boursière devrait être équivalente aux 2131 BTC. A la date du 30 juin 2022, 2131 BTC valent 41 millions de dollars, alors que l’ensemble du supply de XCP ne vaut que 6,4 millions de dollars. Cette comparaison n’est d’ailleurs même pas nécessaire pour prouver que XCP est simplement un jeton utilitaire qui ne concurrence pas le bitcoin. Il n’est pas censé être une réserve de valeur; vous l’achetez uniquement pour émettre votre actif auquel vous attribuez un nom et afin de l’utiliser pour la fonction auquel il est destiné. Il serait insensé de détenir des XCP à des fins spéculatives, car le token n’est même pas côté sur les exchanges populaires et le seul moyen de l’acquérir est de passer par des dispensers (distributeurs).
En parlant de dispensers, Counterparty peut égalenment être considére comme un véritable exchange décentralisé. Tout le monde peut vendre des actifs sans demander l’autorisation à qui que ce soit et faire en sorte que les BTC (ou tout autre jeton Counterparty) soient automatiquement envoyés dans un portefeuille personnel après le règlement de chaque transaction sur la chaîne principale.
Si vous souhaitez acheter 0,5 XCP avec votre BTC pour donner un nom à votre tout nouveau NFT ou bien émettre des dividendes aux détenteurs de vos NFTs déjà existants, alors rendez vous sur un dispenser et recherchez l’utilisateur qui propose l’offre la plus avantageuse. FreeWallet.io, probablement la meilleure interface Counterparty disponible à l’heure actuelle, vous permet de naviguer entre les exchanges (marchés ouverts pour les diverses paires de tokens) et les dispensers (distributeurs automatiques où vous achetez/vendez des token Counterparty et des NFTs contre des BTC).
L’aspect “vanité” de l’émission de jetons avec un nom qui leur est associé est assez unique à Counterparty. Si vous regardez les NFTs Raretoshi sur Liquid par exemple, vous remarquerez qu’ils portent un nom d3 hachage cryptographique aléatoire (par exemple, e9f53c1fd6f71eccbe2f3bf5523ef29d1de9fbb9a155c7682808ffcd17299728). Sur Ethereum, ils portent le nom du contrat (par exemple, le spinoff PEPEGOAT de JScrilla Rare Pepe Wallet ReDux s’appelle 0xb932a70A57673d89f4acfFBE830E8ed7f75Fb9e0). La principale différence c’est que sur Counterparty, vous achetez des actifs portant un nom qui leur est propre et vous pouvez utiliser le nom du jeton pour rechercher tout type d’information sur ses transactions dans l’explorateur xchain.
Counterparty est en gros une version primitive d’Ethereum qui a été construite sur la blockchain Bitcoin en tant que protocole et dont les transactions sont réglées en BTC, tout en payant des frais aux mineurs Bitcoin. Il a très probablement été abandonné parce qu’il a de gros problèmes de scalabilité. Mais à l’été 2021, alors que la frénésie des NFT était à son apogée et qu’Ethereum devait faire face à des frais ridiculement élevés, les bitcoiners se sont souvenus de Counterparty et ont profité de la faible demande de block space sur Bitcoin pour redonner vie à des oeuvres anciennes.
Alors que certains déconseillent l’utilisation de Counterparty et recommandent Raretoshi sur la sidechain Liquid ou RGB Spectrum sur le Lightning Network, la réalité c’est qu’aucune de ces solutions n’est aussi sûre ou décentralisée que la blockchain Bitcoin. En plus, aucune d’entre elles n’offre la garantie de vivre aussi longtemps que la couche de base elle-même. Et comme il y a beaucoup de collections qui existent sur Bitcoin, il y aura toujours des collectionneurs pour s’y intéresser. L’objectif n’est clairement pas de “passer à l’échelle”, mais d’assurer la sécurité et longévité les plus grandes aux actifs.
Comme Bitcoin, Counterparty a été déclaré “mort” à de nombreuses reprises auparavant, mais il a fait quelques retours notables, notamment parce qu’il est construit sur Bitcoin et nécessite une maintenance minimale – les actifs existeront toujours et ils sont sécurisés par un réseau mondial de mineurs et de nœuds, de sorte que seules les interfaces utilisateur (portefeuilles) ont besoin d’être améliorées de temps en temps. Vos NFTs peuvent certes coûter plus cher à créer et à transférer (par rapport aux plateformes centralisées comme Liquid ou Ethereum), mais ils sont aussi plus sûrs parce qu’il est pratiquement impossible de stopper le réseau. Et puis, est-ce que c’est vraiment de la shitcoinerie si vous construisez au-dessus de Bitcoin et contribuez au budget de sécurité du réseau en payant des frais pour chaque transaction?
Comment créer votre premier NFT Bitcoin sur Counterparty avec Freeport
Selon l’importance que vous accordez au nom de votre actif, il y a deux façons d’émettre des NFTs Bitcoin sur Counterparty et elles se démarquent par des niveaux de difficulté différents. La méthode la plus simple, et de loin, est de se procurer le wallet FreePort de Joe Looney (disponible sous forme d’extension pour navigateur Chrome et Firefox), de transférer l’équivalent de quelques transactions en BTC, puis de suivre l’interface utilisateur simple pour télécharger votre jpg/gif et émettre votre NFT.
Si vous utilisez FreePort, vous n’aurez jamais à toucher à XCP et à vous compliquer la vie en l’achetant via des dispensers. Vous pourrez émettre, envoyer et admirer les NFT de votre collection à l’aide d’une interface très simple. Voici donc les étapes à suivre :
- 1. Allez sur https://github.com/loon3/Freeport-extension
- 2. Si vous utilisez Chrome, cliquez sur l’URL située sous “Install from Web Store” et suivez les instructions à l’écran. Une fois que vous aurez terminé, vous remarquerez le logo Freeport en haut à droite de votre fenêtre Chrome, juste à côté de la barre d’adresse et à gauche du menu des options.
- 3. Si vous utilisez Firefox, vous devez utiliser la ligne de commande web-ext pour installer le fichier disponible à l’adresse https://github.com/loon3/Freeport-extension/raw/dev/packages/freeport-0.3.0-fx.xpi. Cette méthode est plus compliquée et vous devrez lire la syntaxe telles que “web-ext run”. Cependant, si vous souhaitez échapper au panopticon de Google, ça en vaut la peine.
- 4. Créez un nouveau portefeuille avec Freeport. Par défaut, il va générer un seed BIP39 de 12 mots et vous devez également configurer une passphrase (je recommande d’utiliser à la fois des lettres et des chiffres) pour déverrouiller vos actifs. Il s’agit en gros d’un portefeuille Bitcoin, alors traitez-le comme tel – prenez soin de votre seedphrase, ne la révélez jamais à quelqu’un d’autre et notez-la sur un morceau de papier ou gravez la sur du métal.
- 5. Une fois que vous êtes configuré et connecté, vous verrez le menu principal de Freeport qui comporte trois boutons : Collect, Create, et Buy/Sell. Dans le coin supérieur gauche, vous verrez votre adresse Bitcoin Counterparty, et dans le coin supérieur droit, vous trouverez un bouton orange qui affiche le logo Bitcoin – celui-ci vous permet de vérifier votre solde BTC et d’envoyer des montants arbitraires. Remarquez également que dans le menu du bas, vous avez un bouton “Settings”. Vous pouvez l’utiliser pour modifier votre adresse de réception/émission de NFT (une fonctionnalité que vous ne trouverez jamais sur Ethereum car il n’a pas d’UTXO par conception), afficher votre passphrase (ne faites jamais de captures d’écran), définir manuellement les frais de transaction et réinitialiser l’application pour charger un portefeuille différent.
- 6. Allez dans le menu “Create” et choisissez “Create New Item”. Un menu apparaîtra pour vous demander de télécharger une image gif, jpg ou png. Une fois que vous l’aurez téléchargée sur Freeport, elle ira sur les serveurs d’Imgur et obtiendra sa propre URL.
- 7. Ensuite, vous devrez nommer votre objet (gardez à l’esprit qu’il s’agit de la description du jeton, et non de son nom), définir la quantité (par exemple, la collection Leftist Tears a une quantité limitée à 21 cartes par édition) et décider si oui ou non vous voulez que l’objet devienne divisible (sera-t-il échangé en unités entières ou permettra-t-il également des fractions ?) Ensuite, vous devez choisir entre un priority fee et un economy fee – il s’agit d’estimations basées sur l’observation par le portefeuille lui-même du mempool des transactions Bitcoin. Pour définir manuellement les frais en fonction de votre propre analyse et de votre préférence temporelle, retournez au menu “Set transaction fees manually”.
- 8. Une fois que vous avez fini de définir les paramètres, appuyez sur le bouton “Create”. Si vous avez suffisamment de BTC dans votre portefeuille pour payer les frais de transaction, la transaction OP_RETURN sera diffusée sur le réseau Bitcoin et attendra une confirmation. Après la première confirmation du réseau, votre NFT apparaîtra dans la section “Collect” de Freeport. Vous pouvez l’envoyer aux personnes qui partagent leur adresse Bitcoin avec vous, mais le portefeuille Freeport n’est pas assez avancé pour vous permettre de mettre en place un distributeur pour le vendre. Vous pouvez également recevoir des NFT de vos connaissances en partageant l’une de vos adresses avec eux. Mais si vous voulez exploiter tout le potentiel du protocole Counterparty, vous devrez utiliser un portefeuille avancé comme la version desktop de FreeWallet.io.
Créez et gérez vos NFT Bitcoin avec la version Desktop de FreeWallet.Io (Mac, Windows et Linux)
La deuxième méthode, un peu plus compliquée, d’émettre et de gérer des NFTs Bitcoin nécessite un portefeuille desktop comme FreeWallet.io. Si vous voulez que votre nouvel actif porte un certain nom, si vous souhaitez accéder aux dispensers et si vous voulez également verser des dividendes aux détenteurs de vos NFTs, alors vous devez vous tourner vers cette option.
Avant d’entrer dans les détails, vous devez savoir que les versions mobiles du logiciel FreeWallet.io n’ont pas été mises à jour depuis des années et qu’elles présentent certainement des bugs indésirables. Elles conviennent pour générer un portefeuille et recevoir des NFTs, mais pour toutes les autres fonctions, vous devez utiliser votre ordinateur (ou tout appareil fonctionnant sous MacOS, Windows ou Linux).
Pour nommer vos actifs, vous aurez besoin de 0,5 XCP (le jeton utilitaire natif de Counterparty). Et comme les exchanges ne le listent plus, le seul moyen d’acquérir des XCP reste de se tourner vers les dispensers.
Un dispenser c’est un peu comme un distributeur automatique : quelqu’un verrouille une quantité arbitraire d’un actif et permet à tous ceux qui envoient le bon montant de bitcoins d’obtenir la propriété de cet actif. Vous voyez ce que vous voulez acheter, vous choisissez l’offre qui vous satisfait, puis vous procédez à l’achat.
Les dispensers sont des espèces de smart contracts basiques. Mais leur caractère automatisé s’accompagne d’une contrepartie : il y a toujours un risque que le dispenser se vide avant la confirmation de votre transaction. Ainsi, si vous fixez des frais de transaction trop peu élevés et que vous attendez donc quelques jours avant la première confirmation, vous vous exposez au risque de traiter avec un dispenser fermé ou vidé. La transaction en bitcoin ne peut pas être annulée et il n’y a pas de mécanisme en place pour vous rendre votre argent si la totalité des jetons Counterparty est vendue avant que vous n’ayez pu mettre la main sur l’actif numérique souhaité.
C’est pourquoi vous devriez idéalement payer des frais de transaction plus élevés, afin de vous assurer que vous êtes parmi ceux qui bénéficient d’un bon deal. Vous devriez également essayer de n’acheter qu’auprès des dispensers créés par des adresses que vous reconnaissez. Si vous connaissez le propriétaire et que vous vous fiez à sa réputation, vous avez plus de chances de récupérer vos bitcoins si l’échange n’a pas lieu.
J’ai perdu environ 40 $ de bitcoins en essayant d’acheter des XCP pour nommer mes NFTs : la première fois, le dispenser a été fermé avant que je puisse recevoir ma première confirmation (arnaque classique) ; la deuxième fois, quelqu’un a acheté tous les XCP du distributeur avant que ma première confirmation n’arrive. Dans les deux cas, je n’avais aucune idée d’avec qui j’étais en train de traiter et je ne savais pas comment contacter le propriétaire. C’est malheureux, mais ça fait partie de tout marché numérique décentralisé, non réglementé et libre.
Après avoir acquis votre premier XCP (n’oubliez pas que vous avez besoin de 0,5 par NFT auquel vous allez attribuer un nom et que vous devez l’utiliser dès que possible plutôt que de l’utiliser à des fins spéculatives), allez dans le menu “Actions” en haut à droite de la fenêtre de FreeWallet et choisissez “Create a Token”.
Ici, vous allez devoir sélectionner l’adresse source et le type d’actif (named, subasset, ou numeric). Vous devez également saisir le nom de votre jeton et sa quantité (qui peut au choix être divisible ou non).
Ensuite, vous devez préciser une description. Et c’est ici que vous indiquez votre fichier image à FreeWallet. Vous allez devoir apprendre à utiliser la bonne syntaxe, car la structure est “imgur/imagename.jpg;DESCRIPTION DE VOTRE TOKEN”. Remarquez que vous ne saisissez pas l’URL complète de votre source Imgur ou YouTube, mais que vous utilisez une forme abrégée. En outre, il n’y a pas d’espace avant ou après le point-virgule. C’est très important, car j’ai déjà fait cette erreur et l’image ne s’affichait pas correctement; j’ai dû renvoyer une autre transaction qui a modifié la description.
Il y a une remarque importante à faire ici concernant Imgur et d’autres services centralisés, parce qu’ils sont en mesure de censurer et supprimer votre image. Cependant, vous pouvez la télécharger ailleurs et modifier la description de votre jeton par une transaction en BTC. C’est pourquoi on dit que le jeton est l’oeuvre – parce que si l’actif Counterparty est immuable et ne peut pas être renommé, la description peut être modifiée à tout moment pour le prix d’une transaction on-chain.
Enfin, vous devez fixer des frais de transaction qui correspondent à votre préférence temporelle. Idéalement, vous devriez vous assurer qu’elle est confirmée dans les deux semaines afin que la plupart des nœuds ne la suppriment pas de leur mempool. Mais les frais de priorité faible ou moyenne recommandés par mempool.space devraient suffire pour minter votre NFT en quelques heures.
Notez que vous ne fixez pas vos frais en utilisant le système classique sat/byte ou bit/kb. Au lieu de ça, vous choisissez le montant total que vous voulez payer comme frais. Gardez à l’esprit que ces transactions OP_RETURN sont généralement plus importantes que le transfert d’argent moyen (elles occupent plus d’espace de bloc) et jetez un coup d’oeil aux recommandations de coût en dollars pour une approximation plus précise. Par défaut, FreeWallet ne vous laissera pas payer des frais inférieurs à 0,00001 BTC (10 bits, ou 1000 sats) par transaction, mais vous pouvez le modifier dans le menu des paramètres.
Une fois que vous avez défini tous ces paramètres, cliquez sur le bouton “Create Token” et c’est parti. Votre NFT sera disponible après que la transaction OP_RETURN correspondante ait reçu sa première confirmation sur la blockchain Bitcoin.
Qu’est-ce que vous pouvez faire ensuite? Vous pouvez l’envoyer à vos connaissances, vous pouvez mettre en place un dispenser pour le vendre, et vous pouvez même en “brûler” une partie pour le rendre encore plus rare. Si vous voulez récompenser les détenteurs de vos jetons, vous pouvez également leur verser des dividendes.
Quant au jeton lui-même, vous pouvez modifier sa description et sa représentation visuelle quand bon vous semble. Mais le nom restera à tout jamais. Tout comme dans le cas des noms de domaine, un élément déjà pris ne pourra pas être utilisé par quelqu’un d’autre – sauf qu’aucun renouvellement périodique n’est nécessaire. Une fois que vous l’avez émis, le nom de l’actif vous appartient. Et en réalité, c’est ce que les gens achètent.
Vous pouvez également côter le jeton sur les exchanges pour XCP – cette fonctionnalité est disponible sur des portefeuilles tels que Counterwallet (eds.counterwallet.io). La liquidité pour les nouveaux NFTs est vraiment faible et c’est probablement préférable d’ouvrir des dispensers qui vous permettent de vendre vos jetons contre du BTC. Mais si vous voulez explorer ce terrier du lapin de la financiarisation et faire plus avec votre XCP, libre à vous d’essayer.
Obtenez vos premiers Tokens sur Counterparty
Dans les jeux Pokemon, quand vous entamez le jeu vous avez le choix entre Salamèche, Bulbizarre ou Carapuce. Il faut bien commencer quelque part, quoi. Là je vous propose de démarrer non pas avec un NFT au sens propre mais avec Moulacoin, un meme coin créé exactement de la même manière qu’expliqué précédemment, qui n’a d’autres prétention que d’encourager les gens à utiliser les assets sur Counterparty et ironiquement ridiculiser les projets “crypto” qui se prennent trop au sérieux.
J’ai mis en place un dispenser qui distribue des milliers de coins si le coeur vous en dit, pour aider à comprendre comment ça fonctionne. C’est simple, il suffit de créer une adresse Counterparty, d’envoyer quelque Sats depuis cette adresse et les coins seront transférés sur votre wallet (10,000 coins pour 0.0001 BTC pour être exact)
Pourquoi je ne les distribue pas gratuitement ? Eh bien, je l’ai fait par le passé via twitter mais techniquement c’est compliqué ici de le faire pour des gens dont j’ignore l’existence – à moins que vous ne m’envoyiez votre adresse Bitcoin Counterparty par message privé, que je fasse une liste, puis que j’envoie des transactions par lots aux destinataires intéressés. En plus, le but ici est de vous enseigner le fonctionnement des NFTs et autres actifs de manière rapide et abordable. Et tous les fonds reçus seront quoi qu’il arrive utilisés pour créer d’autres NFTs ou mockcoins qui seront eux distribués gratuitement.
Ainsi, après avoir crédité votre FreeWallet d’au moins 0,0001 BTC (le montant minimum pour acheter les coins) et d’environ 0,00001000 BTC pour les frais de transaction, vous pouvez utiliser le dispenser pour “échanger” vos coins. Bien sûr, vous pouvez en acquérir plus si vous souhaitez soutenir l’auteur de ce ligne et l’encourager à minter d’autres assets.
Mais alors que j’expérimentais avec les dispensers, j’ai découvert que certains portefeuilles Counterparty utilisent l’ancienne dust limit de BTC de 5460 sats. Certes depuis un certain temps déjà, les développeurs de Bitcoin Core l’ont fixée à 546 sats, mais certains portefeuilles Counterparty pas mis à jour peuvent parfois encore conserver l’ancienne limite.
Ça signifie que toute transaction inférieure à 0,00005460 BTC peut ne pas être diffusée sur le réseau. Si ça se produit, et que vous envisagez d’acheter un asset inférieur à ce prix alors vous devrez en acquérir plusieurs à la fois.
Quoi qu’il en soit, l’objectif de ce meme coin est d’aider autant de personnes que possible à obtenir leur premier asset sur Counterparty au dessus de Bitcoin et comprendre comment tout ça fonctionne. Je n’encourage clairement pas la spéculation avec. Pour faciliter le tout j’ai crée un QR code qui mène au dispenser et pour avoir des info sur cet actif (ou n’importe lequel autre d’ailleurs), il suffit de se rendre sur xchain.io et de taper MOULACOIN (un onglet “dispenser” vous y attend si nécessaire)
Quel est l’intérêt des NFT ?
Les NFT de Counterparty sont une façon amusante de jouer avec Bitcoin. Vous pouvez explorer les caractéristiques d’un des premiers protocoles qui visait à intégrer tout un éventail d’actifs financiers à Bitcoin. Vous pouvez également découvrir par où tout cet engouement a commencé, rejoindre les groupes Telegram et devenir amis avec les OG qui ont créé Rare Pepes et Spells of Genesis (que vous pouvez également entendre dans la saison 10 du podcast Bitcoin Takeover).
Mais pour ce qui me concerne, c’est important de prouver que Bitcoin est bien plus qu’un outil financier. C’est aussi un réseau informatique distribué qui permet la liberté d’expression. Des messages qui seraient autrement censurés ou supprimés peuvent faire leur chemin sur le réseau Bitcoin – moyennant des frais de transaction, bien entendu. Mais les intentions ne sont pas toujours financières et il existe de nombreuses façons de s’exprimer via Bitcoin (les NFT de Counterparty étant simplement l’une d’entre elles).
Comme l’a mentionné Justin Wales, avocat américain spécialiste du premier amendement, dans le S5E4 du podcast Bitcoin Takeover, Bitcoin c’est la liberté d’expression et devrait être protégé à travers les dispositions de la Constitution américaine et de la Bill of Right. Donc, si nous rendons les utilisations non financières du réseau Bitcoin plus courantes, alors nous renforçons cette thèse et gagnons des batailles importantes contre les régulateurs qui semblent ne prêter l’oreille qu’à des récits trop simplifiés. Bitcoin n’est pas une marchandise, ce n’est pas une security, il ne ressemble à rien de ce que les systèmes juridiques ont jamais vu jusqu’à maintenant et il peut être utilisé pour exercer sa liberté d’expression ou même s’amuser.
Bien sûr, ces cas d’utilisation ne conviennent pas à tout le monde. Si vous êtes adepte de la thésaurisation et du HODLing de BTC, vous ne comprendrez pas les NFT. Et c’est très bien ainsi, tout le monde n’aspire pas à collectionner des cartes virtuelles et ne trouve pas de valeur dans des jetons arbitraires sur le réseau Bitcoin avec éventuellement un jpeg ou un gif attaché.
Les NFTs ne sont pas une classe d’actifs, ce ne sont pas des “pièces de monnaie”, et ils ne ressemblent pas non plus tout à fait aux cartes de baseball à collectionner. Ce sont des objets de collection rares qui racontent une histoire, qui ont un sens pour le collectionneur ou qui permettent simplement aux bitcoiners les plus riches de soutenir le travail d’un jeune artiste. Et même s’il existe un marché spéculatif sur les NFTs, leur but n’est pas toujours financier – il s’agit parfois simplement de s’amuser en tant que nerd de manière coûteuse.
Tous les NFTs ne sont pas égaux et c’est là tout l’intérêt d’un objet “non fongible”. Il est unique à sa manière, présente des particularités que d’autres peuvent trouver attrayantes au point de payer de l’argent, et évoque un certain sentiment ou souvenir. Certains sont historiques, d’autres sont amusants, mais tous rappellent que la communauté Bitcoin est vraiment fun et diverse.
La prochaine fois que quelqu’un vous parlera d’une collection sympa sur Ethereum ou Solana, rappelez-lui que Bitcoin l’a fait en premier et le fait encore mieux avec Counterparty. Et si jamais l’envie vous prend de m’envoyer certaines de vos créations, mon adresse est bc1ql9vxydvsvclva4mzhw3yu89ddekqqwj9ydmqg4.
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Cet article est la traduction d’un texte original de Vlad Costea
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