Portal Présente la Démo Technique d’un Atomic Swap Ordinal

Ça fait quelques années déjà que l’équipe de Portal planche sur de “la DeFi au niveau de la layer 3 de Bitcoin”. Ce projet, qui avait été abordé en décembre 2021 dans le podcast Bitcoin Takeover, a recours aux Atomic Swaps sur le réseau Lightning pour tenter de construire un protocole d’échange décentralisé d’assets divers. En gros, Portal a pour objectif de devenir une version plus rapide, plus évolutive et véritablement immuable d’Ethereum en intégrant toutes les fonctionnalités de traitement et de smart contracts dans un protocole de 3ème couche sur Bitcoin.

Quand le réseau Lightning avait été présenté initialement, l’un des principaux “arguments de vente” de ce protocole de seconde couche, c’était les Atomic Swaps : un moyen de construire des ponts entre les blockchains dans le but de permettre des échanges instantanés entre les différentes devises et actifs sans avoir recours à des tiers de confiance. Pour faire simple, les Atomic Swaps sur Lightning ont la faculté de rendre obsolètes l’ensemble des exchanges centralisés – un cas d’utilisation jugé très prometteur par les fondateurs de Portal.

Ce qui peut étonner mais qui se révèle particulièrement intéressant dans la démarche de Portal, c’est que le projet a levé des fonds auprès de deux des plus grands exchanges centralisés au monde : Coinbase et OKEx. Il apparait donc clairement que ces entreprises prennent les devant en investissant dans un éventuel plan de secours et s’assurent  que leurs clients pourront continuer à s’échanger des actifs dans le cas très probable où les réglementations gouvernementales destructrices venaient à se multiplier. Certes, Portal ne suscite objectivement pas énormément d’intérêt à l’heure actuelle, mais en permettant d’échapper à un système par ailleurs contraint, excessivement surveillé et politiquement limité, son avenir s’annonce radieux. Comme l’a précisé le cofondateur et ancien PDG Eric Martindale au micro Bitcoin Takeover, il construit Portal avec au départ rien de plus que l’intention de le faire exister et sans trop se préoccuper de la dynamique du marché à court terme.

En attendant, Portal a publié une démonstration de son premier Atomic Swap entre Bitcoin et Ethereum. Afin de réaliser ce petit exploit, l’équipe a développé Thunder – une layer 2 maison pour Ethereum, qui a pour vocation d’assurer son interopérabilité avec réseau Lightning. Il s’agit d’une avancée significative car elle supprime le besoin “wrapper” ses BTC sur ETH, et apporte ce faisant plus de liquidité sur Lightning (et Bitcoin en général). Plus important encore, les échanges s’exécutent sans nécessiter de confiance ou aucun recours à une entité intermédiaire. L’ensemble du processus se déroule via un protocole open source, configuration la mieux adaptée pour déplacer l’argent magique d’internet.

À dater de juin 2023, Portal a également élargi son champ d’action et couvre désormais les échanges d’assets sur la couche de base de Bitcoin. Avec la popularisation des Inscriptions et des jetons BRC-20 sur Ordinals, une forte demande pour une infrastructure qui permettrait de rendre les échanges d’assets BTC plus transparents et mieux intégrés à l’infrastructure existante a émergé. Jusqu’à présent, la plupart des échanges se font on-chain via les PSBT (Transaction Bitcoin Partiellement Signée): le vendeur signe une transaction à partir du portefeuille qui contient les Inscriptions Ordinals, puis l’acheteur paie pour la diffusion de la transaction (frais de minage + prix de l’asset). Il s’agit d’une solution de “dépannage” assez astucieuse, bien décrite par Casey Rodarmor le créateur du protocole, mais l’expérience utilisateur demeure loin d’être idéale.

L’équipe derrière Portal, compte tenu de son expérience en ce qui concerne les Atomic Swaps inter-chaînes, a entrepris de permettre une facilitation des paiements grâce à des scripts de verrouillage HTLC (Hashed Timelock Contract, grosso modo un multisig 2 sur 2) sur la couche de base et les paiements Lightning. Pour faire simple, au lieu d’utiliser les PSBTs, le vendeur bloquera l’asset dans un contrat Bitcoin et l’acheteur pourra le racheter par le biais d’un paiement instantané sur le réseau Lightning. Naturellement, tous deux devront attendre les confirmations on-chain d’usage pour s’assurer que le verrouillage et le déverrouillage se sont déroulés comme prévu. Et bien entendu, si l’une des parties concernées tentait de tricher, la transaction échouerait et les assets resteraient chez leur propriétaire.

Pourquoi essayer de remplacer les PSBT par des HTLC et des Lightning/atomic swaps ? Pour être clair, l’approche de Portal est plus accessible aux utilisateurs lambdas et peut facilement être intégrée sur les exchanges et portefeuilles. Actuellement, un certain nombre de barrières techniques limitent encore l’expansion du marché des Inscriptions et des BRC-20. Par ailleurs, une version Bitcoin d’OpenSea serait bien plus facile à mettre en place avec les protocoles de Portal. Il faut noter, malheureusement, qu’il n’existe toutefois pour l’instant aucun avantage concret en termes de scalabilité ou de coût/efficacité par rapport aux PSBT, dans la mesure où le nombre de transactions on-chain reste le même.

Un autre aspect concret qui plaide en faveur du trading d’Inscriptions Ordinal et autres assets sur la base layer de Bitcoin via l’utilisation de HTLC et de Lightning est la possibilité d’utiliser des Atomic Swaps pour effectuer des paiements depuis d’autres blockchains. Par exemple, les utilisateurs qui possèdent des ETH, des USDT ou des WBTC sur le réseau Ethereum pourront acheter des bitcoins de façon transparente et en toute confiance afin de participer au marché des objets de collection numériques Bitcoin. Il faut considérer ça comme une bonne nouvelle pour Bitcoin parce que la plupart des liquidités “DeFi” se trouvent sur Ethereum et que cette communauté a une propension à dépenser bien plus développée. Par contre, bien entendu, le nombre de bitcoins qu’ils pourront acheter est par définition limité, tout comme l’espace des blocs avec sa limite stricte – ce qui signifie que l’achat d’Inscriptions Ordinal sur Bitcoin et leur trading resteront toujours un passe-temps très coûteux.

Dans la démo que Chandra Duggirala, PDG de Portal, et ses ingénieurs ont présentée à Jason Rosenstein de LFG Market (une marketplace pour les Inscriptions Ordinal), l’interface utilisateur apparait soigné et simple d’utilisation. La seule étape un peu plus compliquée semblant être  étant celle où l’Inscription doit être verrouillée dans un HTLC via Sparrow Wallet. Il serait donc certainement intéressant de voir si Portal avait la possibilité de développer et intégrer son propre portefeuille Bitcoin on-chain qui puisse gérer et même potentiellement émettre des Inscriptions et des jetons BRC-20. Ce serait éventuellement l’étape qui compléterait l’expérience et rendrait chaque phase du processus aisée.

A titre personnel, maintenant que Portal se lance sur la base layer de Bitcoin, ça ne me déplairait pas de les voir aussi prendre en charge les assets Counterparty, ce protocole indémodable où que l’on peut dénicher les Pepes rares, les Bitcoin Heads, le Moulacoin, et pleins d’autres joyaux et collections historiques de l’histoire de BTC.

Mais déjà pour l’instant, c’est cool de voir plus d’action sur Bitcoin et c’est également encourageant d’observer comment certains afficionados d’Ethereum reviennent doucement à la maison Bitcoin. Portal fournit sans aucuns doutes une infrastructure qui a son utilité pour accélérer cette transition et beaucoup ont hâte de pouvoir tester la version publique quand elle sortira.

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